Bombes et centrales atomiques
Les accidents (centrales)
Copyright Michel Vonlanthen
Modifié le 30 octobre 2023
Les accidents (centrales) Les accidents (bombe) |
Des milliers d'incidents plus ou moins graves ont eu lieu dans les centrales atomiques de par le monde. Seuls les plus graves sont cités ci après. En principe ils sont tous répertoriés par l'AIEA (l'Agence Interntionale de l'Energie Atomique) et certains sont relatés dans des revues spécialisées comme, par exemple, "Nuclear Safety". Mais il ne s'agit que des accidents civils qui se sont produits dans les quelque 350 centrales existantes de par le monde, car les incidents militaires autour des bombes atomiques sont classés "secret défense" par les autorités. Cependant, deux crashes d'avions militaires qui emportaient des bombes atomiques, un en Espagne et un au Groenland, ont été relatés dans les journaux. Dans son livre "Command and Control", Eric Schlosser recense 1'200 incidents entre et .
Note: Les MW (MégaWatts) indiqués ci-après sont des MW thermiques (plus de 10 x la puissance électrique produite, en MW électriques)
1957 - Complexe de Maïak (Production de plutonium, URSS) Un réservoir de déchets nucléaires liquides explose en libérant un nuage radioactif qui contamine 800 km2 de la région de Kychtym. Plus de 200 personnes décédent, 10'000 autres furent évacuées et au final 470'000 personnes furent touchées par les radiations. Le plutonium, on aime !...
1957 - Windscale-1 (200 MW Grande-Bretagne) Un incendie de graphite détruit le coeur d'un des deux réacteurs, projetant des nuages radioactifs dans l'atmosphère. A Londres (500 km de Windscale), la radioactivité atteint 20 fois la valeur normale et le nuage radioactif parvient jusqu'au Danemark. Sans conséquences pour la population selon les Autorités, sauf que les radiations ont provoqué des dizaines de décès, on le reconnut plus tard. A l'origine, un phénomène physique. La centrale fut rebaptisée Sellafield par la suite (la honte peut-être?).
1961 - Idaho Falls (3 MW, Etats-Unis) A l'occasion de travaux de routine, trois techniciens sont tués sans qu'on ne sache pourquoi. Mais le réacteur fut totalement détruit et les corps durent être enterrés dans des cercueils en plomb tellement ils étaient radioactifs.
1966 - Detroit (200 MW, Etats-Unis) A 50km de Detroit, à Lagona Beach, le prototype américain de surrégénérateur subit une avarie majeure et la fusion partielle de son coeur peu après sa mise en service. On faillit évacuer la ville de Detroit car la fusion du coeur d'un surrégénérateur aurait pu se terminer en explosion atomique. Le dispositif d'arrêt automatique n'avait pas fonctionné mais, grâce à l'intervention d'un opérateur, le pire pu être évité. Mais il faudra des années pour remettre en route la centrale.
1969 - Lucens (25 MW, Suisse) https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Lucens
1971
- Muhleberg (950 MW,
Suisse)
1973
- Beznau-1 (1130 MW
Suisse)
1973
- Shevchenko (350 MW,
URSS)
1975
- Browns-Ferry (3200
MW, Etats-Unis)
1979 - Three-Mile-Island-2 (2400 MW, Etats-Unis) https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Three_Mile_Island
Ce fut l'accident le plus grave aux USA. La fusion partielle du réacteur nécessita l'évacuation de la population locale après une fuite radioactive dans l'atmosphère. Sept ans après le drame, la centrale était toujours à l'arrêt. Il y avait eu une malfonction mécanique peu grave au départ mais ses conséquences ont été aggravées par une série d'erreurs humaines. La fusion totale du réacteur n'a été évitée que par un pur hasard. La remise en état coûta plus de 3 Milliards de Dollars.
1981
- Bagdad (70MW, Irak)
1984
- Bugey-5 (2700 MW,
France)
1986 - Tchernobyl-4 (3200 MW, Ukraine) https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_nucl%C3%A9aire_de_Tchernobyl
Le réacteur subit une fusion partielle du coeur ce qui déclencha une explosion chimique qui souffla l'enceinte recouvrant le réacteur ainsi que le toit provoquant, un feu de graphite. Une importante quantité de radioactivité s'échappa dans l'atmosphère contaminant une grande partie de l'Europe. La radioactivité monta à 20 fois sa valeur normale en Suisse. Par bonheur le réacteur ne fonctionnait qu'à 7% de ses capacités ce qui a limité les dégâts. Cette centrale ne possédait pas de double enceinte de confinement.
Tous les "fossoyeurs" qui avaient dégagé les décombres des parties les plus radioactives du bâtiment décédèrent dans les mois qui suivirent. La ville de Pripiat dû être évacuée définitivement et une grande partie du territoire autour de la centrale fut condamnée. Comme d'habitude, l'Etat minimisa les conséquences de la catastrophe mais on estime que des milliers de cancers mortels en résultèrent. Par la suite la partie accidenté de la centrale fut recouverte par une sorte de sarcophage de béton payé par l'Europe (1 Milliards d'Euros) afin de confiner toutes les matières fissiles qui ne s'étaient pas encore échappées dans l'atmosphère.
A cette époque je suivait moi-même un satellite radioamateur appelé Oscar 11 et en décodais les données télémétriques au moyen d'un logiciel de ma conception. Ce satellite anglais embarquais un compteur Geiger destiné à mesurer la radioactivité au sol. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris une magnifique bosse dans la courbe de mesure, habituellement plate. Je déduisis l'endroit de ce dégagement de radioactivité avec l'heure de la mesure et la trajectoire de l'orbite à ce moment-là: c'était en Ukraine. Quelques heures après j'en reçu confirmation par les nouvelles de la radio.
1989 - Vandellos (480 MW, Espagne) Un incendie dont l'extinction provoque une inondation qui endommage sérieusement plusieurs systèmes électroniques, dont celui du refroidissement du réacteur. Des fuites d'effluents polluèrent l'environnement proche, ce qui motiva la fermeture définitive de la centrale en 1992.
1998 - Algésiras (Espagne) Une usine fit fondre sans le savoir une source de césium 137 d'un appareil de radiothérapie dans ses hauts fourneaux. Le 9 juin, le gouvernement suisse annonça que ses détecteurs avaient mesuré un taux de radioactivité 1000 fois supérieur à la normale, dépassant 1 Bq/m3, ce qui fut confirmé par la France, l'Allemagne et l'Italie. Au total, l'usine a libéré 1'850 GBq de césium (50 curies) dans l'atmosphère.
2011 - Fukushima (4700 MW, Japon) https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Fukushima
Un tremblement de terre d'une magnitude de 9,1 souleva une vague de 30 mètres de haut au large de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, faisant plus de 18'000 morts par noyade. Elle mit hors service le système de refroidissement des réacteurs et des piscine de stockage du combustible irradié ce qui entraîna la fusion des coeurs de plusieurs réacteurs ce qui provoqua une explosion d'hydrogène qui détruisit la centrale. Elle est depuis lors à l'arrêt et doit encore être refroidie en permanence par de l'eau de mer (200 m3 /jour). Une fois utilisée, l'eau doit être stockée sur place dans des réservoirs provisoires en plastic. Ceux-ci étant pleins, l'eau contaminée devra être rejetée en mer après dilution, ce que l'AIEA a accepté les conséquences étant jugées mineures. Cela fait 1,34 million de mètres cubes (en à rejeter à la mer dans un laps de temps de 40 ans.
Le périmètre de la centrale est maintenant interdit d'accès, les villages avoisinants ont été évacués. Le démantèlement de la centrale débutera par le retrait des éléments de combustibles des piscines de désactivation, suivi par le retrait du combustible fondu et par le démantèlement complet de la centrale dans les années 2050-2060. Cela coûtera des Milliards de Dollars.
Par contre les conséquences radiologiques sont semble-t-il mineures, il n'y a eu aucun mort par irradiation. Mais le territoire irradié est perdu à tout jamais pour ses anciens habitants et pour les cultures.
2023 - Zaporijia (6000 MW, Ukraine) La plus grande centrale atomique d'Europe, Zaporijia, se trouve sur le front de la guerre déclenchée par la Russie à l'Ukraine. Bien qu'elle soit à l'arrêt, elle est en danger car elle subit des tirs et des bombardements. D'autre part le dynamitage du barrage de Kakhovka par les Russes la prive de sa source principale d'eau de refroidissement.
Cela met en évidence le danger potentiel de la présence d'une centrale atomique sur un territoire en temps de guerre.
Elle pourrait être utilisée comme moyen de pression par un belligérant car il pourrait la bombarder ce qui aurait les mêmes conséquences qu'à Fukushima.
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