Pointage d'antenne
Principe de base
En hyperfréquences, en 10 GHz par exemple, le pointage de l'antenne doit être précis sous peine de ne pas trouver son correspondant. Cela prend une importance capitale en DATV (TV numérique) car l'image reçue est soit parfaite, soit on ne reçoit rien, il n'y a pas de niveau intermédiaire comme en TV analogique. L'acquisition d'un signal est donc difficile car il faut être sur la bonne fréquence, et ensuite diriger l'antenne dans la bonne direction.
Le pointage peut se faire au moyen d'une boussole, mais d'une part ce n'est pas précis (Il faut l'être à quelques degrés-près en 10 GHz) et ensuite cela vient vite fastidieux s'il faut ensuite passer d'un correspondant à un autre. Une rose des vents est alors l'idéal car il suffit de la caler sur une référence au départ, et ensuite toutes les directions seront justes. Voilà le petit dispositif que j'ai construit suite à mes expériences de trafic en Corse en dans le cadre de la "Grande bleue 2013".
Pour le portable, je dispose d'un mât des surplus militaires fait se segments enfichables d'un diamètre de 40 mm. J'utilise un trépied normalement utilisé pour soutenir un baffle de sonorisation. L'avantage est qu'il est léger et vite déployé. Je l'ai prolongé par un tube d'alu dont le diamètre extérieur correspond au diamètre intérieur de mon mât ce qui me permet de l'enficher sur le trépied.
Une équerre fait la liaison entre le trépied et le mât, Sa partie inférieure est bloquée sur le tube du trépied et sa partie supérieure serre le mât lorsqu'il est positionné dans la bonne direction. Il suffit pour cela de visser les 2 boutons de la mâchoire supérieure.
La partie supérieur de l'équerre supporte également la partie fixe de la rose des vents, graduée en 360 degrés. Un manchon en aluminium usiné au tour est solidaire du mât tournant et peut se bloquer dans n'importe-quelle direction au moyen d'un bouton M6. Pour caler la rose des vents sur une direction connue, que ce soit avec une boussole ou sur un point géographique dont on connaît la direction (ou autre système que nous verrons plus loin), il suffit de diriger l'antenne dans la direction connue
Pour caler la rose des vents sur une direction connue, 115 degrés sur l'exemple de la photo, il suffit de diriger l'antenne dans cette direction et ensuite de mettre la flèche sur l'angle calculé (ici 115 degrés) et de bloquer la flèche au moyen de son bouton de serrage.
Par la suite, toutes les directions seront justes puisque la rose des vents aura été alignée sur une direction connue au départ, donc précisément référencée. Il suffira simplement de tourner l'antenne de l'angle désiré lu sur la rose des vents.
A noter une des caractéristiques de ma station portable: tous les écrous ont été remplacés par des boutons-écrous, M6 en général. L'avantage est qu'il n'y a pas besoin de sortir une clé anglaise pour visser ou dévisser un écrou et surtout qu'il n'y a plus besoin de chercher l'écrou perdu dans l'herbe ! Ca n'a l'air de rien, mais c'est ce genre de détail qui fait tout le confort du trafic en portable et qui permet de réagir très rapidement à toutes les situations. Actuellement, je peux déployer mon système 10 GHz en 3 minutes après sa sortie du coffre de la voiture.
Premiers essais
Voilà les premières réceptions DATV faite avec ce nouveau système de pointage:
La station de réception: RX DVB-S SL65/12, convertisseur SUP-2400 et monitor couleur pour la DATV. Récepteur-scanner AR3000 tous modes pour la SSB-CW-FM jusqu'à 2000 MHz. Les deux sont couplés par un splitter TV-sat et le LNB est alimenté par un T-bias.
Quelle précision de pointage faut-il ?
J'ai pris la photo ci-dessus lors de la réception du relais ATV HB9TV-1 situé à la Barillette. On voit ce point sur la ligne du Jura, à l'horizon que fixe l'antenne. Il set trouve à environ une quarantaine de kilomètres à vol d'oiseau. Je pouvais recevoir sa mire avec un décalage d'au maximum 5 degrés de part et d'autre de la direction idéale. Cela fait 10 degrés ce qui n'est pas énorme compte tenu de la distance et du manque d'obstacle. Voilà pourquoi il faut un système de pointage idéalement à un degré près.
La suite consistera à mettre au point une méthode de référencement de la rose des vents (par le bruit solaire, la lumière du soleil, une référence géographique, satellite, etc.). Et ensuite de tester le tout en conditions réelles, c'est-à-dire d'installer mon bazar dans la nature, de référencer la rose des vents, de mettre l'antenne dans la direction calculée et de voir si tout marche bien et quelle est la marge d'erreur.
Tenté sans succès de recevoir HB9TV-3 (Hauts de Lausanne) sur 2380 MHz. Ce point n'est pas à vue depuis Bussigny. Par contre, j'ai reçu ce relais un peu plus loin, depuis un endroit parfaitement à vue.
Ce n'est pas facile de s'en sortir avec les
fréquences et indicatifs des relais. Le descriptif sur le site web
contient pas mal d'erreurs, les indicatifs sur les mires sont souvent
faux, par exemple HB9IBC-1 est marqué HB9IBC-0, HB9TV-2 est marqué
HB9TV-3. Et les indications des canaux sur le récepteur sont également
souvent faux. Mais ce n'est pas une exception, la plupart des sites web
de relais ATV ne sont pas à
Après bien des tâtonnement, je suis arrivé à mes fins: je peux caler la rosace de ma parabole 10GHz à 1 degré-près grâce à la position du soleil. Ceci fait, je peux ensuite tourner ma parabole dans n'importe-quelle direction en étant certain d'être correctement positionné.
Lorsqu'on est en portable et qu'on doit diriger son antenne dans une direction donnée, il y a plusieurs méthodes pour atteindre la précision de pointage requise. S'il ne s'agit que de diriger une beam (antenne yagi), une simple boussole suffit. Mais pour une parabole dont l'angle de réception est étroit, il est souhaitable de pouvoir la diriger dans la bonne direction avec une précision de 1 degré. Avec cette précision-là, on met l'antenne dans la bonne direction et on est sur le correspondant. Sinon on doit chercher de part et d'autre dans les deux axes (site et azimuth) ce qui peut facilement faire perdre un DX.
On voit sur la photo ci-contre que la rosace est solidaire du trépied, elle est fixe. L'index, la partie supérieure en aluminium usiné au tour est lui solidaire du mât tournant.
En début de trafic il faut le caler sur une direction connue. Pour cela il faut que l'antenne vise une direction dont on connaît l'angle par rapport au Nord, ensuite on fait tourner l'index pour le mettre en regard de l'angle ainsi déterminé, et ensuite on bloque le tout au moyen d'un bouton solidaire d'une vis qui appuie sur le mât.. L'index est donc solidaire du mât et tourne avec lui. Et comme on a aligné l'index sur un angle connu, tous les angles seront ensuite exacts. Si le calage a bien été réalisé à 1 degré-près, toutes les directions seront ensuite exactes à 1 degré-près.
On peut réaliser ce référencement initial de plusieurs façons: avec une boussole, en visant un point géographique dont on connaît l'angle avec précision, en recevant une balise dont le locator est connu, ou avec la position du soleil. C'est cette dernière méthode qui est la plus précise et c'est elle que je vais décrire ci-après.
Première étape:
Si on voit le soleil c'est facile, il suffit de le viser avec la parabole jusqu'à entendre le bruit qu'il génère. Mais il faut pour cela un système de réception très sensible. Le PLL-LNB en est un puisque son facteur de bruit est inférieur à 1 dB.
J'utilise un récepteur AR3000 calé sur 618 MHz pour recevoir le 10GHz. C'est un récepteur grand public à large bande qui n'est pas extraordinairement sensible ni résistant aux signaux forts, mais qui permet néanmoins une bonne réception. Le PLL-LNB délivre un signal important à sa sortie et à 618 MHz, le s-mètre (bargraphe) monte jusqu'aux 3/4, ce qui n'est pas la zone la plus sensible du récepteur. Là, l'augmentation du bruit due au soleil ne se perçoit pas car le bruit solaire est masqué par l'important bruit de fond qui arrive à l'entrée du récepteur.
Il ne faut pas oublier que le s-mètre d'un récepteur est étalonné de manière exponentielle et que chaque point S est de 6dB supérieur au précédent. 6dB représente la multiplication par 2 de la tension. Si le souffle du PLL-LNB fait dévier le s-mètre d'une division (=1 microVolt pour simplifier) et que le bruit solaire fait monter le s-mètre de 1 division (2 divisions = 2 microVolt soit 1 µV x 2) , cela voudra dire que le bruit solaire a une amplitude de 1 µV. A ce niveau d'entrée, le doublement du bruit de fond s'entend très bien à l'oreille et se voit sur le s-mètre. Si maintenant le bruit en sortie du PLL-LNB fait déjà monter le s-mètre à la division 5, ce qui représente 8 µV en entrée du récepteur, on voit bien qu'une augmentation de 1 µV due au bruit solaire ne représente qu'une augmentation de 1/8ème du bruit total (1 µV sur 8) alors qu'à un niveau de 1 µV en entrée il représente le double (1 µV sur 1). On comprend alors aisément qu'une telle augmentation du bruit se discerne bien plus facilement à l'oreille lorsqu'on s'arrange pour que le bruit du PLL-LNB fasse juste monter le s-mètre à 1 division. Toute augmentation sera alors aisément discernable.
L'installation de réception est donc la suivante (schéma 1): la parabole Visiosat de 60 cm, le PLL-LNB à son foyer (fixation mécanique standard d'origine), un injecteur de tension sur la câble coaxial pour alimenter le PLL-LNB en 12 Volts, un splitter pour diviser le signal arrivant sur 2 sorties. Une sur le récepteur TV-satellite utilisé pour recevoir soit la TV analogique (ATV), soit la TV numérique (DATV), ce sont deux récepteurs différents. L'autre sur le récepteur AR3000 précédé d'un atténuateur variable.
La première opération est de régler l'atténuateur pour que le bruit délivré par le PLL-LNB fasse dévier le s-mètre à 1 division. Mais attention, l'amplification du PLL-LNB diminue lorsque sa température augmente. C'est la raison pour laquelle il faut un atténuateur réglable et non pas fixe. Suivant la chaleur, donc du soleil, de l'ombre ou du vent froid, le niveau d'entrée de l'AR 3000 sera à re-ajuster au fil du temps.
Si le soleil n'est pas visible, par temps couvert par exemple, il suffira de diriger grossièrement la parabole dans la direction théorique du soleil à l'aide d'une boussole. C'est évident, mais c'est peut-être tout-de-même bien de le dire, que la méthode "soleil" ne fonctionne pas de nuit, la source de bruit étant absente !
Attention à ne pas rester trop longtemps pointé vers le soleil car c'est le principe du four solaire ! Si la parabole était peinte en blanc ou recouverte de papier d'alu, toute la chaleur reçu par l'antenne serait concentrée en un point: le cornet du PLL-LNB. F5AD a signalé avoir fait brûler une feuille de papier et fait fondre le plastic de fixation du LNB de cette faon. De son côté, F3YX avait constaté l'occultation des stations reçues par TV satellites lorsque le soleil était par hasard dans la même direction.
Seconde étape:
Au début de mes essais je prenais cette information sur un site web, Solartopo (http://www.solartopo.com/orbite-solaire.htm). Mais j'ai trouvé encore plus pratique: le logiciel gratuit Orbitron (http://www.stoff.p/) de l'excellent radioamateur polonais Sebastian Stoff et traduit en français par Roland F6HGD, de Dôle. Il a l'avantage de donner l'azimuth et le site du soleil en temps réel, basé sur l'horloge du PC. La position géographique (QTH locator) de l'opérateur reste mémorisée mais peut être modifiée en tous temps (on peut en enregistrer plusieurs à l'avance).
Donc c'est très simple: je démarre Orbitron et j'ai immédiatement la position du soleil. L'horloge du PC doit bien-sûr être exacte.
Troisième étape:
Il suffit de faire tourner l'index sur lui-même jusqu'à ce qu'il pointe la valeur de l'azimuth donné par Orbitron et de le bloquer sur l'axe mobile de l'antenne au moyen du bouton de serrage. A partir de là on pourra fermer Orbitron et enlever la ficelle, toutes les directions vers lesquelles pointera la parabole seront justes à un degré-près.
Toutes ces opérations devront se faire assez rapidement car le soleil bouge constamment et rapidement, surtout lorsqu'il est au zénith, aux environs de midi. Il suffit d'observer les variations de sa direction au moyen d'Orbitron pour s'en convaincre. A noter les angles dépendent également des coordonnées géographiques du point de réception, raison pour laquelle il vous faudra emporter votre Orbitron avec vous en portable afin de pouvoir recalculer la position du soleil au gré de vos déplacements.
Une dernière précision: j'ai dû modifier les fixations de mes paraboles afin de pouvoir les diriger vers le soleil, donc avec un angle de site élevé. Dans mon cas, je peux monter jusqu'à 60 degrés, ce qui est amplement suffisant, le soleil étant rarement pile à la verticale, et en tous cas jamais sous nos latitudes.
Conclusion
Les opérations de mise en route d'une super installation de réception 10GHz sont maintenant bien avancées: j'ai un récepteur très sensible, supérieur à la moyenne, je sais pointer l'antenne à 1 degré-près ce qui est le top. Reste maintenant à être pile sur la fréquence du correspondant (ou du relais ou de la balise) et à y rester. Ce sera l'objet de la suite de mes investigations.
Mais je peux déjà faire de superbes écoutes 10GHz, notamment en réflexion contre le Mont Blanc. Le PLL-LNB varie de fréquence en fonction de la température et il faut bien une demie heure pour le stabiliser. Ensuite son OL (Oscillateur Local) varie encore mais ne nécessite plus de suivre le correspondant On peut par exemple rester à l'écoute de la balise de F1URI pendant des dizaines de minutes, elle reste dans la bande passante du récepteur. L'idéal sera d'arriver à une stabilité et à une précision du réglage de fréquence à 1 kHz-près. A cette condition-là, je pourrai me régler sur la QRG du correspondant, pointer dans sa direction et enclencher le récepteur: je devrai le recevoir! A condition bien-sûr que lui aussi soit précis à 1 degré-près et à 1 kHz-près...
Michel HB9AFO / août 2013 |