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Aujourd'hui 9 juillet 2023, c'est l'étape du Tour de France au Puy de Dôme. En voyant ces images, des souvenirs ont assailli ma mémoire. Le 9 août 1992, il y a 31 ans, j'étais sur ce même sommet avec mon épouse Simone, et le maire de Vendat, près de Vichy, Claude F1BL (plus exactement FC1BL car c'était l'époque où l'administration française avait imposé un "C" aux indicatifs).
Après bien des déboires, nous y avons reçu les images TV de Serge F1JSR, lui-même au sommet de l'Aiguille du Midi (Mont Blanc). Après cette première à 303 km, ce devait être le début d'une longue série de records du monde successifs. Nous avions décidé, Serge et moi, d'annoncer loin à la ronde cette performance afin de faire des émules et de stimuler la concurrence, donc le trafic ATV sur cette bande. Mais revenons un peu en arrière.
Serge habitait à Draillant, au-dessus de Thonon,
et nous étions souvent en liaison afin de perfectionner nos
équipements 10GHz. C'était l'époque de la Modulation de Fréquence
(FM) sur 10GHz et la même année F6IWF
Nous pensions être à vue mais ce n'était en fait pas le cas, nous le constatâmes directement lorsque je tentai de recevoir les images de Serge.
A l'époque nous n'avions pas les outils d'aujourd'hui et nous devions tracer les profils sur des cartes et y reporter les altitudes à la main d'où l'erreur. Le 10GHz n'autorise pas les obstacles, il faut être à vue pour faire un QSO ou alors bénéficier d'un effet de propagation. Et par chance ce fut le cas ce jour-là.
Afin de tester mes équipements, j'avais décidé de partir quelque jour avant le jour J et de faire les premiers essais au QTH portable de Joël F1UO à Saint Nicolas de Biefs, magnifiquement situé dans l'Allier. Je fis un ou deux QSO avec les stations à portée d'antenne et comme j'avais le temps, nous décidâmes de rendre visite à Claude F1BL, le maire de Vendat. Et ce dernier me proposa de m'accompagner au Puy de Dôme, ce qui s'avéra décisif pour le succès de l'opération.
Claude F1BL dans son shack
Le lendemain nous partîmes de bonne heure pour le Puy de Dôme, Simone, Claude et moi, mais il y avait de la distance et nous y arrivâmes plus tard que prévu. Nous trouvâmes la route interdite à la montée. Il faut dire que le Puy de Dôme c'est spécial, la route tourne autour de la montagne et elle est trop étroite à certains endroits pour pouvoir se croiser. La circulation est donc règlementée: on peut y monter le matin et en redescendre l'après-midi. C'est ce que nous vîmes affiché au poste de péage. Là je me dis que c'était râpé. J'étais désolé car faire tout ce trajet pour rien et faire faux bon à Serge était rageant. C'est là que Claude intervint et me dit d'attendre un moment. Je le vis discuter avec le gardien et puis revenir avec le sourire. Il avait réussi à le persuader de nous laisser monter et donc d'enfreindre le règlement. C'est ainsi que cela se passe en douce France, il reste une marge d'interprétation aux règlements! L'empathie et la gentillesse ne sont pas lettres mortes. La même chose ne se serait pas passé ainsi en Suisse, car ici "le règlement c'est le règlement, Punkt, Schluss"....
Arrivés au restaurant, à la fin de la route (5km de montée), je mis mon équipement en batterie et avertis Serge par radio sur 144. Il passa en émission mais... rien, absolument rien! Nous décidâmes alors de monter à pieds jusqu'à l'antenne TV du sommet (où se trouvent également les ruines d'un ancien temple romain), ce que nous fîmes. Nous étions environnés de veldeltistes qui étaient comme aspirés vers le ciel. Il faisait très chaud et nous recommencions à espérer. D'une part nous étions 50 à 100 mètres plus haut en altitude et d'autre part le comportement bizarre des ailes delta nous laissait espérer une propagation favorable sur 10GHz. Et c'est ce qui se réalisa. Simone tenait la parabole de 85cm à la main et moi je tentai de démoduler les images de Serge, c'était assez acrobatique... Mais c'est la foi qui sauve et nous vîmes les images de Serge émerger du souffle par saccades. Une fois les réglages fignolés, nous les recevions jusqu'à B5 mais avec un fort QSB. Le QSO unidirectionnel était réalisé, nous avions le premier record du monde de distance 10 GHz en mains, 303 km!
La plus grande difficulté, finalement, avait été la liaison phonie sur 144.475 MHz FM. D'une part je n'avais qu'un talkie-walkie Standard C500 car je n'avais pas pu emporter au sommet la station de la voiture du fait de son poids et de la nécessité d'emporter une batterie. Ces conditions modestes nous permettaient tout juste de nous entendre. Mais en plus un rigolo s'évertuait à brouiller nos communications avec des coups de porteuse intempestifs. Selon lui, nous étions en FM dans la partie SSB de la bande 144. Mais cela gênait-il quelqu'un? La bande était vide à part nous...
Vidéo: 1992_expe_atv_puy_de_dome_303.mp4
Serge était à l'Aiguille du Midi avec son TOP de 20 Watts et sa parabole Ikea à 3842m d'altitude et moi au sommet du Puy de Dôme à 1264m avec une parabole offset de 60cm, un LNB non-modifié, un récepteur AR-3000, un démodulateur ATV FM à bande étroite de construction-maison et un petit téléviseur monochrome Sony en guise d'écran.
Souvenirs, souvenirs, quelle chance nous avons eue de pouvoir vivre ça!...
Michel HB9AFO 9 juillet 2023
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allait
donner un sacré coups d'accélération à ce mode en développant son
oscillateur 10GHz à DRO (Dielectric
Resonator Oscillator), copier-collé de
l'oscillateur qui équipait alors tous les LNB qui permettaient de
recevoir la TV satelllite sur 10-12GHz. Auparavant il fallait soit
partir d'un oscillateur modulé FM sur une fréquence plus basse et la
multiplier pour atteindre le 10GHz, ou alors partir directement du
10GHz au moyen d'une diode Gunn. Mais cette dernière était difficile
à moduler car il fallait trouver la zone qui le permettait dans sa
courbe de fonctionnement. C'est ce qu'avait choisit Serge et il
avait réussi à stabiliser la fréquence de la diode Gunn au moyenne
d'un asservissement de phase PLL (Phase Locked
Loop). Suivait un amplificateur de 20Watts à TOP (Tube
à Onde Progressive) à très haut gain et
une parabole "Ikea" de 40cm, en fait un abat-jour métallique de
lampe qu'un radioamateur curieux avait trouvé parfaitement
parabolique. Il faut dire que Serge travaillait dans le domaine des
TOP chez Thomson-CSF. Il était donc parfaitement outillé pour mener
à bien ce projet. 
