150 ans du CICR
Portes ouvertes le 1er septembre 2013
 

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Belle et sympathique journée de portes-ouvertes à Genève ce dimanche du 1er septembre 2013! De nombreux stands d'information avaient été disposés tout autour des bâtiments en dur à Genève. Celui qui m'attirait le plus était évidemment celui des télécommunicationsClaudiu Mateescu, Peter Kunz et Jean-Paul Lucot  renseignaient les visiteurs. Voir les photos ci-dessous.

 

L'évolution technique est frappante puisque toute les télécommunications se font par Internet de nos jours, soit avec une connexion fixe au réseau Internet du pays d'accueil, soit avec un terminal satellite du style du Thuraya. Ce dernier autorise un flux max de 444 kbp/s mais  seulement depuis certaines régions du globe, politique oblige, des Acores jusqu'en Nouvelle Calédonie en passant par l'Europe, l'Afrique, le Moyen Orient, l’océan Indien et toute l'Asie (Thuraya = 3 satellites géostationnaires). Pour les USA, on utilise le réseau Iridium et Inmarsat pour l'Europe.

 

Il y a deux contreparties à l'utilisation d'Internet: d'une part le système entier des télécoms du CICR est aux mains de prestataires extérieurs, qui peuvent "faillir" dans certaines circonstances, d'où une dépendance technique et politique. Par exemple, les pays propriétaires des satellites par lesquelles transitent ces signaux peuvent très bien couper l'accès au CICR ou même à tout un pays. Il en est de même pour le réseau Internet fixe. Les prestataires peuvent également avoir des "pannes". Contrairement à l'époque "radio" où le CICR était entièrement indépendant des pays d'accueils puisqu'il opérait avec ses propres opérateurs et équipements, l'institution est donc susceptible de subir des pressions d'ordre politique du fait de sa dépendance. J'en ai passablement discuté avec des techniciens et des délégués, mais ils ne semblent pas être très conscients de ce fait, ou du moins en minimisent la portée. Peut-être ont-ils raison. Mais l'histoire enseigne tout-de-même à celui qui veut bien s'y renseigner que tout peut arriver, même ce qui paraît impensable de nos jours. L'exemple récent de l'espionnage tous azimuts de la NSA dénoncé par le malheureux Snowden est éloquent à cet égard...

 

J'en ai profité pour montrer à ma compagne ma "cantine" d'alors: le Carlton. C'est là que je venais manger (fort bien d'ailleurs) à midi lorsque je travaillais au Siège. Visité également la salle des opérations dans le même bâtiment et bien-sûr les nombreux stands à l'extérieur, dont celui des archives du CICR, que je compte bien exploiter un de ces jours si j'en ai le temps et si on m'en donne la possibilité.

 

Pour conclure, un point m'a fortement marqué lors de ces portes-ouvertes: le manque total de référence historique sur l'évolution des conditions de travail des gens du CICR. Autant sur le site web de l'institution que dans son musée, on ne trouve rien à cet égard. Et bien-sûr absolument rien au sujet de l'ancien système de  transmissions par radio qui a fonctionnée pendant 50 ans. Heureusement que le dernier "radio" a monté son stand de télécoms pour ces portes-ouvertes! Mes différents interlocuteurs m'ont justifié cette absence fait par le fait que l'Institution désirait montrer ses activités  mais pas comment elles étaient réalisées.

 

De mon point de vue je trouve cela dommageable car d'une part il y avait pas mal d'anciens du CICR dans le public, qui expliquaient à leurs enfants et parents quand, comment et où ils avaient travaillé. D'autre part, le fait de présenter concrètement les travaux des employés en mission et au siège "humaniserait" la présentation au public et la rendrait plus facile à saisir. Avec la présentation "désincarnée" des activités du CICR, le visiteur passe d'un grand principe à un autre sans pouvoir réellement avoir une idée de la manière concrète de la manière dont cela se fait. Le résultat en est  que le CICR dans son entier reste quelque peu abstrait, et donc sans prise émotionnelle.

 

Ceux qui s'intéressent au CICR peuvent obtenir des renseignements sur ses grands principes d'intervention, sur l'historique de ses interventions, mais pas grand chose sur la manière dont ces dernières ont été exécutées et sur les résultats obtenus. De mon point de vue, le CICR gagnerait beaucoup à combler ce déficit. Cela rendrait l'Institution plus humaine. C'est assez paradoxal, mais le fait de rester discret sur ces aspects, voire secret,  peut-être par modestie ou parce que la discrétion est érigée en dogme au CICR, dessert l'Institution. Car ainsi elle reste abstraite aux yeux du public. Et comme on ne parle jamais d'eux, les anciens employés ont l'impression d'avoir travaillé dans une institution fantôme.

 

Le stand des télécommunications dans la tente tout au fond
 

Les démonstrateurs:
Claudiu Mateescu, Peter Kunz et 
Jean-Paul Lucot

Transceiver amateur Hallicrafters utilisé  par les opérateurs radioamateurs du CICR en mission dans les années 70

Equipment actuel pour le même genre de trafic: transceiver SDR (Software Defined Radio) Flex. Le manipulateur est quasiment plus grand que le tranceiver...


L'évolution des télécomms CICR: à gauche le Hallicrafters des début, en blanc le terminal Internet satellite  Thuraya (500kB/s. En arrière plan, Philippe HB9ARF, le dernier opérateur radio à Versoix.


Premier téléphone satellite Inmarsat A (env. 1600 MHz). Son combiné est déjà un DECT sans fil

 


Equipements actuels, entre autre un transceiver synthétisé Codan travaillant en SSB dans les ondes-courtes (station de base avec micro dessus).
 


Equipement radioamateur actuel, pas utilisé au CICR puisqu'il n'y a plus de transmissions radio entre le siège et les missions.
 

Transceiver amateur Flex, le hardware est réduit au minimum (petite boîte à droite) car tout est fait en logiciel. C'est le principe du SDR (Software Defined Radio). Voir l'ex du Funcube, récepteur SDR dans une clé USB

Antenne ondes-courtes Codans sur un véhicule de mission.

 

Equipement Motorola dans un véhicule de mission. A gauche le transceiver VHF et au centre le transceiver o-c. Pour les liaisons inter-véhicules et avec la base de mission

Ce qui reste comme antennes ondes-courtes sur le toit du CICR à Genève. La station de Versoix a été démantelée et le terrain rendu au canton de Genève

 

Peter Kunz HB9MCL, dernier survivant du service radio du CICR. A la retraite mais en jours supplémentaires...

Photo de Peter en trafic dans les années 70. Avec le terminal Turaya en bas, on imagine le chemin parcouru par la technique...

 

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