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Opération EuroFoot 2008
L'USKA
(Union suisse des radioamateurs) a obtenu de l'OFCOM
un indicatif spécial pour les clubs suisses de radioamateurs,
HB2008XX, utilisable pendant toute la durée de l'EURO 2008, du 26
avril au 30 juin 2008. Suite à cela, il a fait la demande à l'UEFA
de pouvoir opérer une station ham dans chacun des 4 stades suisses
et d'y écouler du trafic amateur pendant les matches, ce que cette
organisation a refusé. Par contre, elle nous a proposé de
desservir des émetteurs FM installés dans les stades pour
l'opération "Audio-description".
Il s'agit de transmettre le reportage du match en cours à un groupe de mal et non voyants invités à assister aux matches par l'UEFA. Deux reporters professionnels se relaient pour l'assurer tandis que l'émetteur FM est installé et desservi par un radioamateur. Le commentaire sont bien sûr adapté au handicap des auditeurs, le but étant de faire "voir" le match par commentaires interposés.
Les deux reporters sont Giovanni Sammali, rédacteur en chef, et Thierry Siegfried, l'auteur du film "Z comme Zübi" dont vous avez peut-être entendu parler, tous deux de la station TV neuchâteloise Canal Alpha. La partie technique m'est dévolue, Michel Vonlanthen HB9AFO.
Vous avez la photo de
l'émetteur
ci-dessus. Il est composé de l'émetteur FM proprement dit, la partie
du haut. Il est réglable en fréquence, de 88 à 108 MHz et en
puissance, de 0,1 à 5 Watts. Sa commande se fait par l'intermédiaire
du l'affichage qui se trouve en haut à droite, assorti de 3 boutons.
Le montage de l'antenne n'a pas été une opération de tout repos car la place qui nous avait été assignée n'était pas la définitive. Ensuite l'antenne a été trouvée visuellement gênante par les responsable de cet zone et, finalement, elle a été trouvée gênante par le responsable du broadcast (chaînes de retransmission TV et radio). Il a donc fallu la déplacer une troisième fois car ce dernier craignait que sa proximité provoque des interférences avec les nombreux équipements HF présents sur les quelque 180 positions pour journalistes. Mais bon, la déplacer de 1 mètre n'allait pas changer grand chose mais il a fallu obtempérer pour avoir la paix. Bouger l'antenne n'était rien mais il fallait aussi refaire le câblage à chaque fois (brides, scotch, etc.). Ceci fait, la vie était plus calme pour moi puisque je n'avais plus qu'à surveiller la modulation. C'était évidemment plus "hard" pour GIovanni et Thierry car eux avaient à parler pendant 2 heures non-stop. Par contre, il avait pu se reposer pendant que je montais la station et l'antenne. Balise
audio utilisée pour les tests (mp3)
Le fait que nous n'avions pas l'accréditation pour la zone 4 du stade nous a passablement handicapé car nous devions la traverser pour aller récupérer nos équipements dans leur lieu de stockage, qui se trouvait justement dans cette zone là !... Nous devions également la traverser pour pénétrer dans le stade par le chemin le plus court sinon nous devions emprunter le chemin du public et patienter dans les queue aux entrées. Bien heureusement, nos qualités de négociateurs sympas ont fait merveille et tout le personnel de sécurité a fait le maximum pour nous faciliter la vie, dans le cadre de ses directives bien sûr, qui étaient très strictes, ce qui est compréhensible pour un évènement de cette importance. Un petit bug d'organisation donc, qui nous a également obligé à nous contenter de frugaux hot-dogs en guise de souper alors que nous aurions pu profiter du restaurant du staff, nettement mieux garni, mais inaccessible pour pour, toujours à cause de cette zone. Côté parking, j'ai dû passablement "bricoler" car je n'avais pas de place pour les jours où j'ai dû venir déplacer mon antenne. C'était d'autant plus difficile que je sortais d'une grave opération à la tête (trépanation) et que j'étais encore en convalescence. J'ai donc dû me faire conduire et c'est Giovanni qui s'y est collé ainsi que mon amie Erika, qui a poussé la gentillesse jusqu'à venir me mener au stade de Genève et à rentrer seule ensuite. A chacun de mes voyages j'avais mes valises d'outils, d'instruments et de pièces de rechange afin de pallier à chaque imprévu, ce qui m'obligeait à laisser la voiture chargée en permanence. Giovanni et Thierry venaient donc chez moi depuis Neuchâtel avec leur voiture et ensuite Giovanni prenait le volant de mon véhicule jusqu'à Genève. Là il faut vraiment donner un coup de chapeau à l'organisation de La Praille car le parking était extraordinairement facilité, aucune attente à subir, ni sur l'autoroute, ni dans l'enceinte du stade, c'était vraiment étonnant. Il était heureux que je ne conduise pas la voiture car, le premier jour, nous devions passer à la TV suisse à Genève, prendre le rédacteur en chef du sport (et accessoirement en profiter pour visiter son studio). Donc, en sortant du stade, je prend machinalement le volant sans me souvenir que je ne devais pas... Eh bien en l'espace de quelques minutes j'ai réussi à bousiller le rétroviseur d'un véhicule en le dépassant et ai failli me faire percuter par l'arrière par une voiture que je n'avais pas vu venir... C'est là que Giovanni m'a dit "Michel, je crois que je vais reprendre le volant pour la suite"... Du point de vue technique, tout s'est bien passé, le plus gros problème étant de trouver l'emplacement adéquat pour l'antenne, un dipôle replié d'environ 1,50 mètres de long (calculé pour le milieu de la bande FM, environ 100 MHz). Il ne fallait pas gêner la vue des spectateurs ou des journalistes et rester le plus loin possible des équipements de reportage (qui auraient pu être perturbés par HF) tout en étant le plus proche possible de notre émetteur à cause de la longueur du câble coaxial. J'ai finalement trouvé l'emplacement idéal sur la barrière qui surplombait la porte d'entrée des spectateurs qui jouxtait la tribune des journalistes où nous étions. Les non-voyants étaient installé en face de nous, de l'autre côté du stade. Il était donc facile de trouver la bonne orientation pour l'antenne. Ceci d'autant plus que nous avions un émetteur pouvant monter jusqu'à 5 Watts, ce qui était amplement suffisant en temps normal. Mais c'était sans compter sur le fait qu'une station radio se trouvait presque sur la fréquence que nous avait attribué l'OFCOM pour cette occasion. De ce fait, les récepteurs radio avaient tendance à se caler sur l'émetteur le plus puissant des deux. Il m'a suffit de "pousser la gomme" pour qu'il n'y ait plus de problème. Mais les communications locales n'étaient pas faciles: nous communiquions par téléphone portable avec l'un des accompagnants des non-voyants mais le bruit était tel qu'il nous était pratiquement impossible de nous comprendre. Par SMS ce n'était guère mieux car, à certains moments, le réseau téléphonique local était saturé. Une fois tout en place et bien réglé, il n'y a plus eu de problème, si ce n'est, de temps en temps, un récepteur qui tombait en panne ou qui se déréglait. Cela me donnait l'occasion de traverser le terrain, derrière les buts, et de croiser tous les photographes qui y étaient à l'affût. Le nombre de téléobjectifs 500 mm au mètre carré était impressionnant! Les récepteurs étaient d'un
modèle assez bon marché, juste suffisant pour cette application,
d'autant plus qu'ils étaient ensuite offerts à leurs utilisateurs.
Pour de prochaines missions d'Audio description, il serait quand
même judicieux de choisir des récepteurs de meilleur qualité,
c'est-à-dire qu'on puisse les syntoniser à la main et pas avec un
scan automatique, difficile et délicat à utiliser par des
non-voyants. Et aussi qu'ils tiennent les signaux forts sans se
dérégler. Avec le bruit ambiant et tous les émetteurs qui
rayonnent dans le stade, ce ne serait pas inutile. Nos deux reporters, pourtant familiers des reportages sportifs, ont dû adapter leurs commentaires aux non-voyants. Lorsqu'on écoute le reportage d'un match de foot à la radio, souvent les reporters font des digressions ou des commentaires qui ne sont pas directement liés à ce qu'on voit sur le stade. Pour des non-voyants, il faut s'en priver et coller le plus possible à ce qu'on voit sur la pelouse, le but étant justement que ces commentaires permettent à ceux qui ne le peuvent pas de "voir" le match. A en croire les remerciements et le bonheur visible sur les visages de nos récipiendaires après les matches, le but a été atteint. Nos amis étaient aux anges!... Rien que cela était une belle récompense pour nous. Mais c'est sans compter avec l'ambiance dans laquelle nous étions et cela aussi était extraordinaire. Avec l'organisation déjà, tout le monde était sympa et faisait de son mieux pour contenter chaque participant. Tout a pu se résoudre rapidement et avec le sourire: Nous n'avions qu'à donner un coup de fil à Bettina, notre relais UEFA, et on la voyait rappliquer illico tout sourire. Vraiment sympa! Pour les gros problèmes techniques, il y avait Stéphane. Il m'est une fois arrivé de lui téléphoner et de lui demander s'il passait à la tribune ce soir: "non, je suis à Vienne en ce moment" !... Et l'ambiance sportive pour
terminer. Vraiment du tonnerre! Pas de bagarre, excellente
ambiance sportive. Les spectateurs acclamaient bien sûr leur
équipe préférée, mais sans d'agressivité envers l'autre équipe.
Excellent esprit donc. Personnellement, je n'avais pas mis les
pieds dans un match de foot depuis des années, me contentant de
les regarder à la TV. Eh bien vraiment j'ai été "déçu en
bien" comme on dit dans le canton de Vaud. Vraiment une superbe
ambiance, même pendant les matches avec les Turcs. Le souvenir que
j'avais du match Suisse-Turquie à Istamboul m'avait laissé
le pire des souvenirs. Eh bien là je dois dire que les Turcs ont,
cette fois, montré un tout autre visage, tout en sportivité. Si je
devais donner la coupe à une autre équipe que la mienne, l'équipe
suisse, c'est aux Turcs que je la donnerais. Ils ont fait preuve
d'un esprit de lutte remarquable, sans agressivité envers les
autres joueurs, mais avec une pugnacité extraordinaire. Lors du
match Turquie-Tchéquie, ils perdaient 2 à 0 avant la mi-temps.
Grâce à leur énergie et leur courage, ils ont finalement
gagné 3 à 2, en mettant 3 ballons dans les buts pendant les 20
dernières minutes. Vraiment superbe ! Quelques
photos du match Portugal-Turquie Du côté des spectateurs, le spectacle était dans les gradins. On en voyait avec le drapeau de leur équipe peint sur le visage, d'autre enveloppés de leurs emblèmes nationaux. D'autres encore, avaient suspendu des bannières à des ballons et les faisaient monter et descendre au gré des actions du match. Sans parler des cris d'encouragement, des applaudissements, etc. L'ambiance était vraiment au top, sans aucune violence, ni pendant, ni après le match. Voilà du sport comme je l'aime ! Je remercie Willy HB9AHL et Pirmin HB9DTE, du comité de l'USKA, de nous avoir organisé cette mission Euro 2008. Grâce à eux, le nom de radioamateur a pu briller à l'UEFA et je crois pouvoir dire que nous avons fait honneur à notre réputation. Pour moi, le but était de participer à cette expérience originale, étant fidèle à ma devise de "vivre dangereusement" ! Qui ne risque rien n'a rien, et là nous avons risqué et gagné un expérience qui restera marqué dans nos mémoires. Dans ma vie, le radioamateurisme m'a fait découvrir plus d'une fois des mondes que je n'aurais pas pu approcher sans lui et je n'ai jamais regretté de m'être engagé et d'avoir "mouillé ma chemise". J'en suis toujours ressorti, sans exception, plus riche d'expérience humaine et technique. C'est clair qui si on me redemandait de m'engager dans une nouvelle expérience de ce genre, je dirais "banco" sans hésiter!... 73
Michel Vonlanthen HB9AFO |