Kurt Ritter HE9DYY

22.10.1941 - 16.8.2015

 

Par Michel Vonlanthen HB9AFO

 

Nécrologie parue Dans HB Radio 3/2106

 

Kurt est décédé au petit matin du dimanche 16 août 2015 au CHUV à Lausanne après une longue maladie.

 

Avec une passion telle que la sienne, le radioamateurisme et plus largement les télécommunications, il aurait pu occuper  paisiblement sa retraite à s'y adonner. Mais c'était sans compter avec la maladie qui a fini par l'emporter ce dimanche du 16 août à 3 heures du matin après de grandes souffrances.

 

Le plus surprenant c'est que j'ai été le voir la veille et que rien ne présageait une fin aussi rapide mis à part le fait qu'il avait prié son épouse Arlette de nous inviter à passer le voir ce même jour, nous ses trois copains les plus proches.

 

 

La passion des télécomms

 

J'ai connu Kurt il y a plus de 50 ans, dans les années soixante. Nous étions tous deux en formation et nous nous retrouvions au stamm de la section de Lausanne de l'USKA (appelée maintenant Radio-Amateurs Vaudois) à l'Hôtel de l'Europe à l'avenue Ruchonnet à Lausanne. Nous étions déjà "contaminés" par le virus de la radio et n'allions plus le perdre pour le restant de notre vie. Chacun de notre côté, nous avons pu assouvir cette passion tant par notre hobby que par notre profession. Kurt a passé une grande partie de sa vie au sein de la firme  Téléphonie SA dont il était devenu le chef technique et a terminé sa carrière au même poste dans  l'entreprise Diax puis Sunrise.

 

Ces dernières semaines, alors qu'il était alité au CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois), nous avons passé des heures à évoquer le cryptage des communications radio (machine Enigma, Crypo, Gretag, etc) suite à un article passé dans le journal Le Temps du 29.7.2015 (Zoug, un pivot de l'espionnage diplomatique en pleine guerre froide). Il connaissait tout cela de l'intérieur puisque c'est lui qui avait dirigé l'installation et l'évolution du réseau radio de la Police vaudoise. Nous aurions pu parler de sa maladie, voire de la pluie et du beau temps, mais c'était une fois de plus de technique dont nous parlions. Voilà ce qui s'appelle la passion des télécommunications!

 

 

Un vrai radioamateur, mais paradoxalement non licencié

 

Ce que Kurt aimait par dessus tout c'était de faire des mesures. Il analysait les signaux qu'il recevait chez lui avec son installation très pointue. Le contenu des conversations et des messages ne l'intéressait pas, c'était les modulations, le spectre de fréquences, l'impureté des signaux et leurs présence là ou il ne fallait pas qui le passionnaient, ce qui n'est pas étranger aux fonctions professionnelles qu'il a occupées. Au fil du temps, il avait acquis une expérience non seulement théorique mais aussi pratique ce qui lui permettait d'exceller dans son domaine.

 

Quoi de mieux que d'être passionné par sa profession? Ses employeurs n'avaient même pas besoin de le former, il le faisait de lui-même pendant son temps libre. En ce sens, il était un vrai radioamateur, de ceux qui ont la passion des techniques et qui s'y adonnent leur vie durant. Avec des hauts et des bas bien-sûr, la vie n'est pas faite que de plaisirs et de loisirs, mais avec constance. A chacune de nos rencontres, nous n'avions jamais assez de temps pour parler de ce qui nous occupait.

 

J'ai parfois regretté qu'il ne devienne pas radioamateur licencié, ce qui nous aurait permis de discuter par radio. C'est peut-être une "pudeur" de pro qui l'en a empêché. Comme il travaillait dans un domaine somme toute assez secret, peut-être ne voulait-il pas s'afficher sur l'air, avec le risque d'en dire trop sur certains sujets. Mais plus probablement se trouvait-il suffisamment pris par ses mesures pour perdre du temps en bla-bla radio. C'est possible. Toujours est il qu'il n'a jamais pris le temps de passer sa licence.

 

Il a par contre publié beaucoup d'articles techniques dans HB-Radio et sur mon site depuis sa prise de retraite en 2004:


 

Mis à part encore et toujours les techniques de mesure, son dernier centre d'intérêt avait été le monde des VLF (Very Low Frequencies), ondes très longues, qu'il recevait à l'aide de son antenne de construction maison dans son galetas.

 

Dans les années huitante, il avait développé avec le matheux Claude, son copain de toujours, un logiciel de poursuite de satellites. Il l'avait présenté lors des meetings SWISS-ARTG que j'organisais alors en tant que correspondant romand de cette association. Il était aussi très intéressé par la réception de la RTTY (Radio TeleTYpe) et s'était installé un équipement à la pointe du progrès pour cela.

 

 

Sa station, telle qu'il l'a laissée en partant à l'hôpital

 

 

"Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours passionné par ce qui s'appelait TSF à cette époque. J'ai eu la chance d'en faire mon métier, d'abord chez Autophon, et ensuite chez Diax et Sunrise, et je l'avoue, je me suis bien amusé à faire fonctionner correctement, avec ma super équipe d'ingénieurs et techniciens, des systèmes de radiocommunication pas toujours au point que je qualifierais en bon vaudois, de plus ou moins mal foutus."

 

Voilà ce que Kurt disait de la passion qui a gouverné sa vie. Bel exemple de radioamateur, comme tous ceux qui l'ont été au début de leur carrière et qui se sont retrouvés toujours aussi jeunes et passionnés à la fin !
 

 

Accueil